L’histoire écossaise est riche en événements dramatiques et controversés, mais peu ont suscité autant d’indignation et de débats que le Massacre de Glencoe. Cet épisode sombre de 1692 a profondément marqué l’imaginaire collectif écossais et reste une cicatrice douloureuse dans les relations entre les Highlands et la Couronne britannique. Au cœur de cette tragédie se trouve un personnage complexe et controversé: John Campbell, Duc d’Argyll.
Pour comprendre pleinement le contexte du Massacre de Glencoe, il est essentiel de remonter quelques années en arrière. Après la Glorieuse Révolution de 1688 qui a détrôné Jacques II d’Angleterre, l’Écosse, traditionnellement fidèle aux Stuart, s’est retrouvée divisée. Les Highlanders, souvent liés aux clans catholiques et fidèles à la famille royale renversée, étaient méfiants envers le nouveau régime protestant.
Le gouvernement anglais, dirigé par Guillaume III d’Orange, cherchait à apaiser les tensions et à consolider son pouvoir en Écosse. Pour ce faire, il a lancé une campagne de pacification menée par des chefs militaires écossais. Parmi eux figurait le Duc d’Argyll, un personnage ambitieux et habile politicien qui avait été nommé “Commissaire du Roi pour la Paix”.
Le rôle principal du Duc était de soumettre les clans rebelles des Highlands à l’autorité royale. Il devait également obtenir leur serment de fidélité au nouveau monarque. À première vue, cela semble être une tâche simple, mais la réalité était bien plus complexe. Les Highlanders étaient fiers et indépendants, et ils avaient souvent résisté aux tentatives précédentes de contrôle centralisé.
Le Duc d’Argyll avait une mission délicate à accomplir: gagner la confiance des clans Highlanders tout en satisfaisant les exigences du gouvernement anglais. Il a commencé par négocier avec plusieurs chefs de clan, dont le Clan MacDonald de Glencoe.
Les Clans MacDonalds et la Trahison de l’Hospitalité
En décembre 1691, le Duc d’Argyll visita le Clan MacDonald de Glencoe afin d’obtenir leur serment d’allégeance au nouveau roi. Ils accueillirent chaleureusement le Duc dans leurs foyers, lui offrant l’hospitalité traditionnelle des Highlands. Le Clan MacDonald était connu pour son respect de l’honneur et de la loi sacrée du droit d’accueil.
Le séjour du Duc fut prolongé en raison de conditions météorologiques difficiles. Durant ce temps, il discuta avec les chefs du clan, obtenant leur promesse de fidélité à Guillaume III. Cependant, le cœur du problème réside dans une clause spécifique ajoutée au serment: la soumission complète au gouvernement anglais et l’abandon du soutien aux Stuart. Les MacDonalds acceptèrent ce serment en croyant sincèrement que leur hospitalité serait respectée.
L’Ordre Déloyal de “Pacifier” les Highlands:
Le Massacre de Glencoe fut ordonné par le roi Guillaume III et le Conseil Privé, mais ils utilisèrent le Duc d’Argyll comme instrument pour mener à bien cet acte atroce. Ils étaient conscients que la trahison du serment d’hospitalité engendrerait une forte indignation parmi les Highlanders, donc ils décidèrent de confier cette mission dangereuse au Duc.
Le Duc d’Argyll reçut l’ordre de “pacifier” le clan MacDonald de Glencoe après avoir obtenu leur promesse de fidélité. Il devait agir avec rapidité et efficacité. Le 13 février 1692, un bataillon de soldats anglais, sous le commandement du capitaine Robert Hamilton, arriva à Glencoe sous couvert d’une mission pacifique.
Une Nuit de Sang et d’Infamie:
Les soldats écossais se firent passer pour des amis et furent accueillis chaleureusement par les MacDonalds. Ils partagèrent leurs repas, leur boisson et même leurs feux. La nuit du 13 février arriva. Les Highlanders, épuisés après une journée dure, se retirèrent dans leurs maisons. Soudainement, à l’aube, la troupe de Hamilton lança une attaque brutale contre le clan MacDonald endormi.
Les hommes furent massacrés sans pitié tandis que les femmes et les enfants étaient épargnés, mais forcés de fuir dans les montagnes enneigées. Cette nuit de violence sans précédent marqua à jamais l’histoire des Highlands et reste un symbole douloureux de la brutalité et du cynisme politique.
Le Duc d’Argyll: Héros ou Vilain?
Le rôle joué par le Duc d’Argyll dans le Massacre de Glencoe reste sujet à débat. Certains historiens affirment qu’il était un exécutant aveugle des ordres royaux et qu’il n’avait pas la possibilité de refuser cette mission. D’autres, cependant, soulignent son opportunisme politique et sa volonté de gagner en influence auprès du roi Guillaume III.
Il est probable que le Duc d’Argyll ait ressenti un certain malaise face à l’ordre de perpétrer une telle barbarie. Il n’était pas connu pour sa cruauté, mais il était ambitieux et désireux de servir la couronne.
Conséquences du Massacre:
Le Massacre de Glencoe eut des conséquences profondes sur les Highlands et sur l’Écosse en général. Il intensifia la méfiance envers le gouvernement anglais et nourrit un sentiment d’injustice qui persiste encore aujourd’hui. Le massacre fut condamné par de nombreux Anglais, y compris certains membres du Parlement.
Tableaux: Les principaux acteurs du Massacre de Glencoe:
Nom | Titre | Rôle |
---|---|---|
John Campbell, Duc d’Argyll | Commissaire du Roi pour la Paix | Responsable de pacifier les Highlands |
Clan MacDonald de Glencoe | Clan Highlander | Victimes du massacre |
Capitaine Robert Hamilton | Commandant militaire anglais | Chef de l’attaque contre le clan MacDonald |
Guillaume III d’Orange | Roi d’Angleterre | Donneur d’ordre pour la pacification des Highlands |
Le Massacre de Glencoe reste une blessure ouverte dans l’histoire écossaise. Il nous rappelle les dangers du fanatisme politique, de la trahison et de la violence aveugle. L’événement souligne également le courage et la résilience des Highlanders face à l’adversité.